Une "Taxe soda" enfin efficace ?
Le ministre des finances du Royaume-Uni, George Osborne, a annoncé le mercredi 16 mars la création d’une taxe sur les boissons sucrées non alcoolisées. Cette nouvelle initiative visant à lutter contre l’obésité met en relief la faiblesse de la taxe santé instaurée par le gouvernement belge en 2016, qui n’a de santé que le nom. Rappelons que si l’obésité atteint des records au Royaume-Uni, ce sont pas moins de 14 % des Belges qui en souffrent.
La taxe soda belge, présentée par le gouvernement comme une taxe "santé", est entrée en vigueur le 1er janvier 2016 et précède de peu l’initiative britannique. Au regard de cette dernière (ainsi que d’autres initiatives européennes), on peut douter de l’efficacité de notre taxe et de son prétendu objectif de santé.
De l’autre côté de la Manche, la taxe sur les boissons sucrées semble autrement mieux pensée que son équivalente belge.
- En effet, ce qui frappe d’abord, c’est la différence dans la manière dont seront utilisées les recettes fiscales générées. Au Royaume-Uni, ces recettes seront utilisées pour doubler les cours de sport dispensés à l’école. Chez nous, la taxe "santé", qui devrait générer des recettes à hauteur de 50 millions d’euros pour 2016 selon les attentes du gouvernement, s’intègre dans le "tax shift".
- Le deuxième élément interpellant et qui trahit à nouveau l’objectif réel de la taxe soda belge est la faiblesse de l’augmentation du prix. Or le montant de l’augmentation est déterminant pour entraîner un changement de comportement et une baisse de la consommation. Alors que la taxe annoncée par George Osborne prévoit une augmentation se situant entre 18 et 24 pence par litre selon la teneur en sucre (soit de 0,23 à 0,31 centimes d’euros), la taxe made in Belgium augmente le prix des boissons sucrées de … 0,03 euro pour la bouteille de 1 litre, donc une augmentation jusqu’à dix fois moins importante. Le gouvernement belge voudrait la rendre imperceptible pour le consommateur qu’il ne pourrait pas mieux s’y prendre… A croire qu’il espère que celui-ci ne modifie pas ses mauvaises habitudes alimentaires.
- Enfin, dernière preuve du cynisme de la taxe soda belge, elle s’applique également aux boissons "light" et "zéro", n’incitant donc pas les consommateurs à substituer les boissons sucrées par les boissons allégées.
Tout cela est donc très décevant quand on sait que 14 % des Belges souffrent d’obésité et que les expériences étrangères démontrent que la consommation des boissons sucrées peut être réduite à l’aide de l’outil fiscal.
Une telle mesure doit être pensée dans le but lutter réellement contre l’obésité. Elle doit par ailleurs s’intégrer dans un plan plus large qui prévoit notamment des actions de prévention et l’amélioration de l’accessibilité à une alimentation saine, par exemple en recyclant les recettes de la taxe soda en une diminution de la fiscalité sur les fruits et légumes. On pourra alors vraiment parler de "taxe santé" …
A lire ou relire : notre réaction presse du 7 mai 2015 à l’annonce de la taxe contre la malbouffe par le gouvernement.