Les freins et leviers

Les freins à la consommation d’une alimentation de qualité peuvent être nombreux. Une enquête menée auprès des affiliés de Solidaris – Mutualité Socialiste [1] s’est penchée sur la question de ces freins concernant la consommation de fruits et légumes. Dans une certaine mesure, ces résultats peuvent être extrapolés à bien d’autres types d’aliments.

Des messages de santé peu efficaces

L’enquête a montré, par exemple, que le slogan "Manger au moins 5 fruits et légumes par jour" était un message bien connu de la population : 95% des personnes interrogées le connaissent, 63% le citent spontanément.

Par contre, il est assez souvent mal compris (pas de notion de portion, est-ce 5 fruits et légumes au total ou 5 fruits ET 5 légumes, …) et sa pratique laisse encore fortement à désirer. Ils ne sont que 46% à le mettre en pratique et seulement 36% dans les groupes sociaux modestes, ce qui montre une fois encore que l’alimentation est aussi une question d’inégalités sociales de santé.

Pourquoi une adoption si faible ?

Le plus souvent, les campagnes de prévention basent leur message sur un problème : problème de poids, de santé, de comportement… ce qui exclut de facto tout le volet plaisir de l’alimentation : plaisir de manger, de partager un repas convivial, de cuisiner …

Cette approche présente le danger d’être finalement contre-productive, certains publics finissant par opposer inconsciemment ce qui est bon au goût (plaisir) et ce qui est bon pour la santé (obligation).

En outre, ces campagnes - aussi légitimes soient-elles – ne tiennent pas compte du contexte de consommation, des freins à leur application.

Les 5 freins principaux

Pour expliquer une trop faible consommation de fruits et de légumes, voici les raisons souvent invoquées par les affiliés lors de l’enquête, avec parfois de grandes différences entre les groupes sociaux (voir les résultats de l’enquête).

  • le problème de goût (le fait de ne pas aimer les fruits et/ou les légumes)
  • les problèmes de temps (raison n°1 pour les groupes sociaux élevés - GS 1-2)
  • le coût financier (raison n°1 pour les groupes sociaux modestes - GS 7-8)
  • un manque de savoir-faire culinaire
  • la perception de corvée (éplucher, cuisiner)

Les solutions ?

D’une part, il est indispensable de permettre qu’une alimentation de qualité soit accessible pour tous les publics, quels que soient leurs revenus, niveau de formation et conditions de vie.

C’est à cela que s’attache depuis 2011, le programme "Goûtez-moi ça !" de Solidaris – Mutualité Socialiste qui a abouti à la publication de 35 recommandations pour une politique intégrée de l’alimentation, regroupées dans le Livre blanc publié en avril 2014.

D’autre part, des actions de terrain aux campagnes de communication, il serait bon de travailler de manière plus globale en tenant compte des contextes de vie et de consommation des publics, de déconstruire les freins, et surtout de recentrer les messages autour des plaisirs en lien avec l’alimentation => voir notamment nos outils.

[1L’enquête "Les habitudes alimentaires de nos affiliés" a été réalisée en 2012 par le service marketing de La Mutualité Socialiste-Solidaris, en collaboration avec l’Institut de sondage Dedicated Research. 1000 affiliés de la Mutualité Socialiste-Solidaris, âgés de 18 ans et plus, habitant en Wallonie, ont été interrogés.