23/01/2018

L’affichage environnemental sur les denrées : en France, c’est pour bientôt !

Au printemps 2018, les consommateurs français vont découvrir l’affichage environnemental pour les produits alimentaires. Il leur permettra de voir d’un rapide coup d’œil l’impact environnemental d’une denrée, mais surtout de la comparer avec un produit concurrent. Le but est double : éclairer le choix du consommateur et inciter les producteurs à réduire les impacts environnementaux de leurs produits. Une initiative inspirante…

Dans le cadre de la loi de transition énergétique pour la croissance verte, la France a décidé de mettre en place un dispositif de communication aux consommateurs informant de manière claire et fiable sur les impacts environnementaux des produits et services tels que l’ameublement, les textiles, l’hôtellerie, les appareils électroniques … et les produits alimentaires [1].

Ce nouveau dispositif d’affichage, public et encadré par des règles communes, vise d’une part à apporter aux consommateurs une information pertinente, objective et comparable afin d’éclairer leurs actes d’achat et, d’autre part, à encourager les producteurs et les distributeurs et valoriser leurs efforts d’éco-conception [2].

Aboutissement d’une longue réflexion entamée il y a de cela plusieurs années, cet affichage se mettra progressivement en place à partir de mars 2018. Comparer l’impact environnemental de deux jus de fruits, deux yaourts ou deux paquets de biscuits sera donc bientôt possible en un seul coup d’œil dans les rayons des magasins en France.

Quelles informations environnementales ?

Les impacts environnementaux des produits seront calculés sur l’ensemble de leur cycle de vie. A ce stade, les émissions de C02 et la pollution des eaux sont pris en compte. D’autres critères d’impacts, dont l’impact sur la biodiversité, seront progressivement ajoutés. Les informations quantifiées seront fournies sous la forme d’une note d’impact synthétique [3].

« Ce qu’il faut bien comprendre, c’est qu’il n’y a pas de bon ou de mauvais aliment, mais qu’au sein d’une même famille d’aliments, par exemple les jus de fruits, il y a des productions plus impactantes que d’autres pour l’environnement, compte tenu des modes de culture et de fabrication » [4].

Encadrer les allégations environnementales

Pour une entreprise, communiquer sur un aspect environnemental d’un produit restera volontaire. L’avancée réside dans le fait que cette communication ne pourra plus désormais se limiter à un seul aspect environnemental. La vision multicritère s’impose. L’article 90 de la loi de transition énergétique pour la croissance verte vise ainsi à « encadrer les allégations environnementales et à lutter contre l’éco-blanchiment (ou green washing, affirmations infondées, biaisées ou partielles visant à faire paraître un produit plus écologique qu’il n’est en réalité).

L’affichage environnemental n’est pas un label ou une marque de qualité : il montre les impacts environnementaux des produits tels qu’ils sont (forts ou faibles). Il est assujetti à un contrôle classique au titre de la lutte contre la publicité mensongère ou trompeuse. » [5]

Le dispositif d’affichage environnemental permettra aux entreprises de mettre en avant leurs efforts en matière d’environnement et d’en retirer d’éventuels gains de compétitivité, mais à condition de respecter ces règles communes.

Une idée à transposer chez nous ?

L’utilité environnementale d’un tel dispositif est bien entendu tout autant pertinent chez nous. Rappelons que l’alimentation, dans son ensemble, représente au niveau mondial entre de 25% à 35% des émissions de gaz à effet de serre et 67% de la consommation des réserves en eau potable. En Belgique, l’alimentation représente 7% des émissions de gaz à effet de serre mais 30% des impacts environnementaux d’un ménage !

La sensibilité environnementale des belges est probablement comparable à celle des Français. Or, cette sensibilité joue un rôle important dans la décision d’achat des consommateurs. Elle semble même jouer un rôle plus fort que leur niveau de revenu. En effet, selon une étude française, dans l’acte d’achat de produits « verts », l’impact du niveau de vie est certes significatif, mais moindre que celui de la sensibilité environnementale. « Le supplément de prix qu’un consommateur éco-engagé déclare être prêt à payer (44 %) est 1,5 fois plus élevé que celui auquel consent un consommateur au niveau de vie élevé ». [6]

Dans ces conditions, l’affichage environnemental semble être un levier pertinent, s’il s’accompagne d’efforts de sensibilisation.

Encore faut-il que les entreprises de l’agro-alimentaire suivent. Et proximité frontalière oblige, les entreprises belges encore plus que leurs homologues françaises, ont besoin d’une harmonisation au niveau européen pour éviter que les produits belges ne soient concurrencés « déloyalement » par les productions qui s’inscrivent dans un cadre moins contraignant … et moins ambitieux.